J’ai questionné la Ministre de la Santé sur la question des soins dentaires chez les enfants, et en particulier chez les enfants en bas âge. Effectivement, suite à une enquête menée par les Mutualités libérales, il apparaîtrait qu’un nombre important d’enfants n’auraient jamais consulté un dentiste à l’âge de 4 ans et que seul un enfant sur deux en aurait consulté un en 2015.

J’ai donc questionné la Ministre afin d’avoir une meilleure analyse de la situation et sur les actions qui pouvaient être faites afin d’améliorer la santé bucco-dentaire de nos enfants.

Retrouvez, ci-dessous, ma question ainsi que la réponse complète de la Ministre.

Bonne lecture!


Madame la Ministre,

La presse a récemment relayé des informations sur les soins dentaires chez les enfants et adolescents suite à une étude des mutualités libres.

Il apparaîtrait que 42% des enfants n’ont jamais consulté un dentiste à l’âge de 4 ans et que seul un enfant sur deux aurait consulté un dentiste en 2015. Une situation peut-être inquiétante lorsque l’on sait que les pédiatres estiment que la première consultation chez le dentiste doit idéalement se dérouler 6 mois après l’apparition de la première dent et au plus tard à l’âge de 2 ans.

Bien que la santé dentaire des belges semble s’être améliorée ces dernières années, avec un nombre de caries en baisse, il reste le difficile constat qu’un enfant sur 2 n’a toujours pas de contact régulier avec un dentiste. Un pédiatre interviewé à ce sujet constate également un écart social. Selon le Dr. Detimmerman, « À 4 ans les enfants issus de familles à faibles revenus ont 2 fois plus besoin de soins conservateurs (caries,…).

Permettez-moi, Madame la Ministre, de vous adresser ces quelques questions à ce sujet :

Confirmez-vous les chiffres et statistiques parus dans l’étude des mutualités libérales ?

Il existe plusieurs sources de données en ce qui concerne la santé bucco-dentaire chez les enfants, notamment :

 

Seule l’enquête HIS fournit des données sur les enfants âgés de moins de 5 ans. Ainsi, en 2013, chez les enfants âgés de 3 à 5 ans[1] :

  • 60% d’entre eux ont eu une consultation chez un dentiste au cours des 12 derniers mois. Ce pourcentage a évolué au cours des 20 dernières années : 32% en 1997, 35% en 2001, 32% en 2004, 47% en 2008 et 60% en 2013. La différence entre 1997, 2001 et 2004 d’une part, et 2013 d’autre part, est statistiquement significative.
  • 32% d’entre eux n’avait jamais consulté un dentiste de leur vie. Ce taux a évolué au cours des 20 dernières années : 58% en 1997, 56% en 2001, 55% en 2004, 43% en 2008 et 32% en 2013. La différence entre 1997, 2001 et 2004 d’une part, et 2013 d’autre part, est statistiquement significative.

 

On observe donc une évolution favorable en ce qui concerne la couverture de soins bucco-dentaires chez les enfants âgés de 3 à 5 ans.

Dans l’enquête santé de la HIS, des analyses tenant compte du niveau d’éducation (des parents) ont été effectuées chez les enfants âgés de 3 à 5 ans. En 2013, le pourcentage des parents ayant consulté un dentiste au cours des 12 derniers mois est de :

  • 45% avec ou sans diplôme de l’enseignement primaire,
  • 57% avec un diplôme de niveau secondaire,
  • 58% avec un diplôme du secondaire supérieur,
  • 63% avec un diplôme de l’enseignement supérieur.

 

Les différences observées ne sont pas statistiquement significatives ; on ne peut donc confirmer  sur base de cela qu’il existe des inégalités sociales en ce qui concerne les consultations chez le dentiste des enfants âgés de 3 à 5 ans.

[1] Nombre d’enfants de 3-5 ans inclus dans l’enquête: 297 en 1997, 362 en 2001, 323 en 2004, 315 en 2008 et 397 en 2013.


– Ne pensez-vous pas qu’un effort supplémentaire quant au travail d’information auprès des jeunes parents devrait-être réalisé ? Quelle est votre stratégie pour améliorer la santé dentaire de nos enfants ? Par exemple, le médecin de famille, ou le corps médical examinant les enfants lors des visites médicales scolaires, ne pourraient-ils pas jouer un rôle plus important de relais dans ce travail de prévention ?

En matière de prévention, je me réfère au transfert de compétences introduit. En conséquence de cela, la «sensibilisation des soins bucco-dentaires », et donc également, le fait d’inciter les parents à aller avec leurs enfants chez le dentiste, est devenue une compétence des Communautés.

J’ajoute cependant, que la Conférence interministérielle « santé publique » a mis sur pied un groupe de travail santé bucco-dentaire; celui-ci travaille sur l’optimisation et l’abaissement du seuil des soins bucco-dentaires préventifs pour certains groupes cibles. L’objectif est d’arriver à une stratégie commune et à une coopération dans ce domaine avec la possibilité de développer des initiatives.

Je voudrais également rappeler que les conditions de remboursement des soins dentaires des enfants par l’assurance soins de santé sont très favorables et comprennent un remboursement total des prestations et la possibilité pour les dentistes de les porter en compte via le système du tiers payant.